vendredi 29 juillet 2011

Comment le Web social contamine l’éducation universitaire

Le web social est en train de marquer profondément la société et provoque des changements même dans des dimensions de la société qui ne sont pas directement lié au monde du Web. Je vais m’intéresser ici au domaine où je travaille, c'est-à-dire à la pédagogie dans l’éducation supérieure, et tenter de voir comment les caractéristiques du Web social sont en train de modifier profondément les codes de ce milieu. Plus particulièrement nous allons nous intéresser à l’évolution des rôles sociaux dans l’éducation et aux mécanismes de circulation de l’information. Afin de faciliter cet exercice, nous allons tenter de voir quels seront les effets de ces changements dans différents horizons temporels : 1 ans, 5 ans et 20 ans.

Changement de rôles

Intéressons nous d’abord à la notion de rôle social. On sait que le Web social est en train de contribuer à redéfinir les rôles joués par les différents acteurs du Web. Les producteurs de contenu, les auditeurs, les vendeurs, les clients … sont tous des rôles qui ont profondément été modifiés avec l’arrivée du Web Social. Par exemple avec les outils d’édition Web de plus en plus faciles à utiliser, M. et Me. Tout le monde, peuvent maintenant devenir des producteurs de contenu Web et se constituer des auditoires en dehors des réseaux traditionnels. Quel genre d’effet tout cela peut-il avoir dans le monde de l’éducation supérieure?
Nous sommes en train d’observer des changements semblables sans qu’en apparence il y ait des liens avec le Web Social. En effet, récemment les enfants « de la réforme » entraient au Cégep. L’attitude de ces élèves, qui ont vécu leur cursus scolaire dans un programme où on les invite à parler, à s’affirmer, à comprendre plus qu’à apprendre par cœur, à développer des compétences plus que des connaissances, a surpris plusieurs enseignants du collégial. Un des aspects de cette réaction est lié à la tension entre les rôles Enseignant / étudiant.
Dans une conception plus traditionnelle de la pédagogie l’enseignant est un émetteur d’information et l’étudiant un récepteur. De plus, il n’y a pas nécessairement de boucle de rétroaction. C'est-à-dire que l’enseignement de l’enseignant, pour être complet, n’a pas besoin de l’apprentissage de l’étudiant ce sont deux processus distincts. Avec la réforme, on enseigne aux élèves à changer de rôle et à devenir actifs dans leur processus d’apprentissage. L’enseignement devient centré sur l’apprenant. Ainsi, il n’y pas plus dans le processus un acteur actif et un acteur passif mais deux acteurs actifs qui doivent collaborer entre eux pour s’assurer que l’élève apprend. Ainsi, deux conceptions du monde de l’enseignement s’affrontent et font évoluer les rôles. 

Dans le milieu Universitaire, où je travaille, cette tension est observable à différents niveaux. Plusieurs enseignants très accrochés au mode traditionnel d’enseignement sont déçus des nouvelles générations d’étudiants, ils les trouvent dissipés, peu attentifs, peu travaillant, toujours enclin à se faciliter le travail en « cherchant sur le Web ». Tandis que d’autres enseignants qui adhèrent au nouveau modèle, n’ont pas les mêmes récriminations à formuler à l’égard des étudiants. On observe donc, au sein même du corps professoral des tensions entre les individus qui conçoivent leur rôle d’enseignant différemment. Ce rôle est en train de se modifier et ces tensions sont témoins de ce changement.
Ce changement n’est évidemment pas une conséquence directe du Web Social, par contre j’argumente qu’il y est lié. Le Web Social, qui est maintenant au cœur de nos sociétés et de nos activités, notamment pour les jeunes, nous invite par essence à questionner les rôles sociaux et en particulier les notions d’institution et  d’autorité. Les communautés sur le Web sont souvent constituées de manière had hoc par des individus qui décident d’autoréguler leurs comportements. L’organisation du « travail » a lieu en dehors des institutions et sans nécessiter l’intervention d’autorité. Mêmes les modérateurs ou les gestionnaires de sites ne sont pas considérés comme des « autorités » dans la mesure où n’importe qui peut devenir modérateur ou bien critiquer le travail des modérateurs. Ainsi les jeunes qui arrivent maintenant à l’Université ont cette expérience d’un modèle de société où il est possible de produire sans qu’intervienne autorité ou institution. Ils peuvent être maîtres de leurs propres activités et tout de même fournir un travail utile soit à une communauté soit à leur propre apprentissage. Le Web social contribue donc fortement à remettre en question les notions traditionnelles d’institution et d’autorité ce qui va dans le même sens que les valeurs prônées dans la réforme de l’apprentissage. 

Quels seront les impacts de cette situation sur nos universités :
Dans 1 ans … Dans l’immédiat des tensions sont déjà visibles entre les enseignants et les étudiants et entre les enseignants entre eux. Il est clair qu’à court terme les enseignants devront continuer « composer avec la situation » c'est-à-dire tenter d’adapter leur mentalité pour répondre à la nouvelle conception de leur rôle par les étudiants. Ceci continuera de créer des divergences d’opinion, voire des conflits entre étudiants et enseignants. Cette situation conflictuelle est toutefois nécessaire pour que la situation revienne à l’équilibre éventuellement. 

Dans 5 ans … Je crois que des changements seront déjà observables au niveau de la relation étudiant/enseignant. Les enseignants seront mieux encadrés par les services pédagogiques et plusieurs d’entre eux auront compris l’intérêt d’infléchir leur rôle pour devenir plus des « coachs » ou des « aidants » dans le processus d’apprentissage des étudiants. Cela va probablement modifier dans certains cas les façons d’enseigner avec : moins de séances magistrales, plus de travaux d’équipe en classe et l’utilisation plus marquée des outils collaboratifs en ligne par les étudiants.

Cette situation aura des impacts directs sur les outils informatiques couramment utilisés dans les institutions universitaires : les LMS (Learning management system, outils de gestion de cours). Actuellement ces outils sont pour la grande majorité fondés sur un modèle 1.0 du Web ou l’institution diffuse une information et l’étudiant la « reçoit ». Or, dans 5 ans, je crois que beaucoup d’universités auront intégré des fonctions Web 2.0 dans ces outils. Par exemple, des modules de commentaires dans un plan de cours ou dans la page des ressources d’un cours, des outils d’annotation collaboratifs, des fonctionnalités de partage de ressources ou d’information avec son groupe etc. Ainsi, les LMS vont s’aligner sur les changements qui se produisent au niveau de la distinction des rôles étudiant/enseignant, pour permettre à l’étudiant de devenir actif non seulement dans son apprentissage, mais également dans la constitution du matériel de cours. 

Dans 20 ans … J’ai l’intuition que le portrait des Universités québécoises sera profondément modifié. D’abord l’accent sera beaucoup moins mis sur le cours (qui émane de l’enseignant) mais sur le programme (qui est lié au cursus de l’étudiant et à son apprentissage d’un point de vue plus général). Les cours à distance supportés par des outils collaboratifs en ligne seront beaucoup plus fréquents, et les enseignants seront beaucoup moins bavards que les étudiants dans les séances de classe traditionnelles. 

Encore une fois les LMS suivront cette tendance. D’abord, les différents outils et artéfacts liés au parcours de l’étudiant seront transversaux sur tout leur programme, si non sur tout leur parcours académique. Les outils de portfolio électronique, qui ont pour objet de rendre compte du parcours d’un étudiant, de mettre en avant ses réalisations et ses réflexions, deviendront probablement le cœur et la porte d’entrée des futurs LMS. J’ai l’intuition que les bulletins semestriels seront également appelés à changer et deviendront des indicateurs généraux sur le parcours plutôt qu’une collation de résultats à des cours indépendants entre eux. J’imagine facilement qu’à des intervalles réguliers des groupes d’enseignants se rencontrent, en personne ou virtuellement, pour discuter du parcours de tous leurs étudiants et s’entendent sur le feed back qualitatif et quantitatif à leur donner. Évidemment, ce processus de discussion et le transfert de toutes ces informations est tributaire des changements technologiques qui permettrons au LMS de suivre les parcours individuels des étudiants et de permettre les conversations virtuelles entre étudiants et enseignants

 

La circulation de l’information

J’ai abordé déjà l’importance que prendra dans l’éducation l’acquisition de compétences. Les connaissances, c'est-à-dire l’information, jouent toutefois actuellement un rôle fondamental en éducation. Aussi le Web social affecte grandement les schémas traditionnels de diffusion de l’information et donc le monde de l’éducation.
Nous avons discuté dans la section précédente de la notion d’autorité et nous avons vu comment celle-ci est malmenée dans la nouvelle donne influencée par le Web social. Or dans le milieu universitaire, la circulation de l’information est étroitement liée à cette notion d’autorité. Une information est considérée comme valide si elle a été énoncée (dite ou écrite) par une autorité. Le mécanisme de la citation et l’importance qu’il prend dans la réflexion universitaire en est l’illustration la plus frappante. 

Le web social a entraîné une inflexion de ce mécanisme. En effet, il appert qu’en termes de quantité et de qualité de l’information, la communauté peut s’avérer souvent être une source équivalente à un expert. Pensons seulement à l’exemple de Wikipédia, une encyclopédie collaborative en ligne, dont le contenu est réputée être aussi fiable que l’encyclopédie Britanica qui s’appuie sur les meilleurs experts mondiaux dans chacun des domaines (Source : Nature).  Ainsi, les sources valides pour obtenir une information sont en train de se multiplier et se diversifier. De plus, la disponibilité de l’information « en ligne » ainsi que l’amélioration constante des moteurs de recherches et des outils de diffusion, fait que les experts ne sont plus les propriétaires de « l’information scientifique ». Même les experts d’un domaine en particulier ne peuvent plus être détenteurs de la totalité du savoir dans ce domaine car avec la diffusion de l’information qui augmente de façon exponentielle, c’est la « quantité » de savoir qui explose. 

Tout le modèle économique actuel des Universités est fondé sur cette notion d’expert et sur le fait qu’eux seuls détiennent la connaissance. Plus les chercheurs publient dans des revues académiques qui sont fermées au public et payantes, plus ils sont cités par leurs collègues et plus ils reçoivent des fonds pour faire de nouvelles études. Ce cycle fait que la connaissance est réputée circuler uniquement parmi ceux qui sont considérés comme les autorités.  Pour avoir accès à cette connaissance, les non-initiés doivent s’inscrire aux cours universitaires et recevoir l’enseignement de ces professeurs. 

Ce modèle est sérieusement mis à mal par les nouveaux codes sociaux du Web social. En fait, il est en train de se construire un monde du savoir parallèle basé sur la collaboration et l’ouverture. On voit déjà des effets très clairs de cela à travers certaines plaintes formulées par les enseignants à l’égard des étudiants. Premièrement, ils leurs reprochent de peu questionner leurs sources et d’utiliser des sources douteuses, comme Wikipédia, dans leurs travaux et de « collaborer », voire plagier, avec leur collègues pour obtenir des informations. Ensuite, ils leurs reprochent de faire peu de cas de la propriété intellectuelle. Or, dans le modèle économique traditionnel du savoir, la propriété intellectuelle est la base de l’économie. 

Le Web social est selon moi en train de littéralement mettre la hache dans le modèle traditionnel de l’économie du savoir. Dans cette nouvelle donne, détenir une information devient de moins en moins un enjeu. Ainsi, un travailleur qui sait comment trouver une information est souvent plus « efficace » qu’un travailleur qui connaît cette information et qui est peu habile à chercher de nouvelles informations. En effet, le premier a le potentiel de trouver la multitude d’information dont il aura besoin dans le cadre de son travail.

Le savoir et l’information prennent des trajectoires différentes à travers les outils du Web social. Ceci a des impacts directs sur le milieu universitaire et l’Enseignement. Essayons maintenant d’imaginer qu’elles en seront les conséquences dans …
1 ans…  Actuellement, les enseignants commencent déjà à orienter leur pédagogie et leurs évaluations vers l’acquisition des compétences, plutôt que l’apprentissage de connaissances. Il s’agit de la réponse la plus logique confronté à cette réalité que la connaissance est partagée par tous. Dans mon milieu, École de commerce de niveau universitaire, beaucoup d’accent est mis sur l’obtention d’agrément d’organismes internationaux afin d’attirer des étudiants étrangers. Or, ces organismes mettent beaucoup de pressions sur les écoles pour qu’elles démontrent que l’acquisition de compétences fait partie de leur cursus et que celle-ci est validée par des évaluations. Cette pression se répercute sur les directions qui la relaient aux enseignants. Ainsi tous les enseignants sont maintenant confrontés à cette réalité qui les obligent à modifier leur façon d’enseigner (façon qu’ils mettent en pratique pour certain depuis plusieurs années). Ainsi, on voit émerger dans les facultés de plus en plus de types variés d’évaluation : ex. exposés oraux, évaluations par les pairs, travaux d’équipe en classe. Surtout on voit le nombre et l’importance des évaluations  écrites à choix de réponse, qui valide uniquement l’acquisition d’une connaissance, diminuer.  

On observe au niveau des LMS des tentatives timides pour inclure cet accent sur l’acquisition de compétences. En effet, les organismes d’accréditation internationaux demandent de rendre compte de comment les étudiants acquièrent des compétences : dans le cadre de quels cours, quelles activités, et avec quels résultats. Or, de façon surprenante les institutions universitaires et les comités de programmes ont, sommes toutes, une idée assez floue de ce que font les enseignants dans leurs cours. Ils ont évidemment accès aux plans de cours, mais ces documents, assez disparates dans la plupart des institutions, documentent de façon fragmentaire ce qui se passe dans la réalité de la classe. Ainsi, les LMS sont de plus en plus envisagés comme un moyen de colliger le déroulement des cours, à conditions : qu’ils soient utilisés et qu’ils soient bien utilisés. Résultat, les universités mettent de plus en plus l’accent sur ces outils : développement de nouvelles fonctionnalités, développement de projets spéciaux, encadrement et formations des enseignants, etc.

5 ans... La pression pour un changement des pratiques d’enseignement va probablement se poursuivre et les moyens technologiques pour appuyer ces changements devenir plus sophistiqués. Ainsi, on pourrait voir augmenter le nombre d’évaluations fondés sur des travaux d’équipe où le processus importe plus que le résultat. Par exemple, une équipe de 5 personnes qui a un dossier d’investissement fictif à produire pour un nouveau système téléphonique pourrait utiliser des outils collaboratifs en ligne pour monter le dossier : faire des réunions dans une salle de collaboration virtuelle en ligne et rédiger le travail sur un Wiki. L’enseignant évaluerait non seulement le résultat final (le dossier d’investissement), mais la façon dont l’équipe s’y est pris pour collaborer et parvenir au résultat. Ainsi, l’accent ne serait pas mis sur la connaissance qui a été produite dans le cadre de ce travail, mais plutôt le processus par lequel cette connaissance a été : localisée, colligée, analysée et synthétisée. 

Parallèlement l’importance des cours traditionnels en mode strictement magistral devraient continuer à diminuer. En effet cette méthode est très efficace pour transmettre des informations à un auditoire, mais très peu pour l’amener à développer des compétences et encore moins obtenir de la rétroaction sur l’acquisition de ces compétences. Encore là, les outils Web, plus particulièrement les outils du Web 2.0 s’avéreront très utiles. Par exemple des enseignants voudrons utiliser du temps en classe pour faire des exercices d’équipe et utiliser des outils collaboratifs, par exemple des wiki, pour colliger les livrables de ces exercices pour ensuite en discuter en grand groupe. Les outils de discussions en ligne (chat) ou de tweet seront également de plus en plus utilisés durant les séances de cours qui ont lieu en grand groupe pour que tous les étudiants puissent émettre des commentaires durant les séances et que ces derniers soient discutés à différentes périodes consacrés à ceux-ci. 

20 ans … Il sera sans doute rare, voir impossible de faire faire aux étudiants des examens sans documentation. J’imagine très bien que dans 20 ans les ordinateurs portatifs ou autres outils de communication intelligent et portatifs auront tout à fait investit les salles de classe et d’examen. Les enseignants devront nécessairement revoir leur manière d’évaluer les étudiants. La quantité d’informations apprises par un étudiant ne pourra plus être un critère d’évaluation. Probablement que les ordinateurs seront utiliser comme levier durant les examens pour demander aux étudiants par exemple de faire des recherches sur certains sujets et de commenter leurs recherches. 

Comme je l’ai évoqué plus haut, probablement que les LMS seront radicalement différents des outils actuellement utilisés. Non seulement l’accent sera mis sur l’étudiant et son parcours, au détriment des différents cours, mais probablement que ceux-ci serviront beaucoup moins à transmettre des informations qu’à illustrer des réflexions. En effet, on peut facilement imaginer que les étudiants auront chacun à leur disposition des blogues sur lesquels ils pourront commenter leur processus d’apprentissage de compétences. Ces blogues seront au cœur de leur espace et sera pour un outil incontournable pour leur évaluation.

Vers une contamination totale des universités

Je crois que j’ai bien démontré que les nouvelles valeurs et codes qui émergent au sein du mouvement Web 2.0 influencent fortement le monde de l’éducation universitaire et a, et continuera d’avoir, des impacts importants sur l’expérience vécue par les étudiants dans les universités. J’ai quelques fois entendu le reproche selon lequel les milieux universitaires étaient à la remorque de la société quand aux changements liés au Web 2.0. Ces critiques étaient plutôt fondés sur le fait qu’il existe une culture de fermeture dans la recherche universitaire. Comme ce sont les mêmes personnes qui enseignent et qui font de la recherche dans les Université, je ne serais pas surprise de voir prochainement de grandes révolutions se produire également dans le monde de la recherche universitaire.

mardi 7 juin 2011

De l'éthique des hackers

Dans son texte "Culture de participation" (Cours Inf 6107 de la TELUQ), Alexandre Enkerli nous invite à relater dans nos propres termes la définition de l'éthique des hackers et de la distinguer de la culture dominante.

D'abord, j'ai découvert à travers ce texte une analyse et une définition du monde des hackers qui m'était inconnue. En fait, celle-ci nous permet de dépasser la vision cliché du hacker présenté comme un criminel ou un délinquant qui a pour objectif d'empêcher les grandes organisations (à but lucratif ou non) de tourner en rond. D’ailleurs, dans le discours populaire le terme "hackers" est assimilé aux pirates informatique :"Des hackers revendiquent une nouvelle attaque contre Sony".

Le hacker est présenté dans le texte de M. Enkerli, comme une personne qui s'intéresse aux défis intellectuels que représentent l’innovation informatique. Ils se caractérisent par un goût pour les problèmes à résoudre et sont prêts à y consacrer énormément de ressources, principalement du temps, par pur plaisir. Leurs actions ne sont pas motivées par l’appât du gain. Ils considèrent leur activité presque comme un art et le programme informatique comme recelant une forme de beauté. Surtout, et c'est probablement entre autres pour cette raison que leur "culture" est peu connue, ils sont réfractaire à toute forme d'institutionnalisation. Ainsi, ils ne sont pas regroupés de manière formelle ou durable. S'ils se regroupent de façon ponctuelle c'est uniquement autour de problème à résoudre ou pour collaborer sur un projet. Une fois l'objectif atteint, le groupement s'effrite et de nouveaux réseaux se forment autour de nouveaux projets. Finalement ils prônent une transparence totale. Ainsi, toutes les étapes de leur travail et le résultats de leurs activités sont accessible librement et gratuitement.

En résumé, leur logique est inverse à la logique marchande qui peut être considérée comme la "culture dominante" :
  1. Leur labeur n'a pas de visées marchandes
  2. Ils ne sont pas organisé en institution qui garanti l'approvisionnement ou la qualité de leur travail
  3. Le fruit de leur labeur est distribué gratuitement et largement


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mercredi 1 juin 2011

Faire de la publicité à quel prix?

Dans son article, "The Fifth (!) Annual Forrester Groundswell Awards, and a look back" Josh Bernoff de Forrester Reasearch présente quelques initiatives du Web social auxquelles ils ont attribué des prix. J'ai été soufflé de lire à propos des campagne de Ford (pour le véhicule Aveo) et de Hersey's (pour le chocolat bliss) qui ont réussi à joindre des millions d'auditeurs en invitant des jeunes (des étudiants et des jeunes organisateurs de "party") à faire de la publicité pour eux. Il leur a simplement fallu développer une activité ludique et donner aux jeunes les moyens de communiquer à leurs propres réseaux à ce sujet.

Les participants à ces activités ont utilisé leurs réseaux, leur présence en ligne, voire même ont mis en jeu leur réputation pour faire de la publicité pour des  grosse organisations qui n'ont aucune autre vocation que le profit. Évidemment, le choix de faire appel à des jeunes dont le sens critique reste encore à se développer et à s'affiner au cours de leur vie n'est pas innocent. Tout de même, je trouve que cette situation soulève des questions de fond. Par exemple, on pourrait se demander si ce type d'activité ne demanderait pas un âge minimum requis ou bien pourrait fournir un salaire minimum ...

mardi 31 mai 2011

Web social : un espace privé partagé?

La distinction entre ce qui est public et ce qui est du domaine privé devient de plus en plus flou dans le monde du Web social. En fait, l'internaute a l'impression, un peu comme s'il était dans une foule, que la masse d'information est telle que ce qu'il dit peut se perdre dans le brouhaha des conversations cybernétiques. La seule différence maintenant est qu'il existe des moyens pour suivre un utilisateur. Si on reprend la métaphore de la foule, c'est comme s'il était possible de braquer une caméra et un micro sur une personne en particulier et d'entendre (et enregistrer) ce qu'elle dit.

Vincent Gautrais, professeur de droit à l'Université de Montréal, explique cette situation en termes simples dans le clip "Média sociaux et diffamation". Il précise ce que ça implique au niveau du droit et comment cela peut amener une augmentation importante du nombre de poursuite en diffamation. Surtout, M. Gautrais argumente (mon dada) qu'il faudrait mieux éduquer les jeunes, dès le secondaire, à utiliser les médias sociaux.

lundi 16 mai 2011

Activité B : Monter une initiative sur le Web social : Les routes vertes du Québec

Premièrement, je dois préciser que cette activité était celle du cours qui me plaisait le moins à priori. En fait, j’étais intimidée d’utiliser ma présence personnelle réelle pour participer au monde du Web social. Je dois dire que mon tempérament fait que je ne suis pas très prône à partager sur le Web. Je me place plutôt comme une observatrice du Web Social et à l’occasion comme une participante, mais anonyme. Je me suis tout de même prêté à l’exercice, mais avec la réserve que je n’ai pas sollicité mon réseau personnel pour générer du trafic sur mon initiative. Toutefois, il y a une leçon importante à tirer de mon expérience : qui ne peut compter à la base sur un réseau pour démarrer une initiative sociale sur le Web a très peu de chances de générer beaucoup de trafic et donc de susciter l’intérêt.

Le thème de mon initiative est « Les routes vertes du Québec ». Je suis une cycliste convaincue et le vélo fait partie de mes déplacements quotidiens 8 mois par année (déplacements en ville et voyage de cyclotourisme). J’ai donc voulu faire une cause ludique en proposant que toutes les routes du Québec deviennent des routes vertes (à l’instar de « La route verte du Québec » qui est un organisme qui s’occupe de faire des circuits cyclables partout dans la province).

Le point de ralliement de ma cause était une page sur Google Sites :


Pour publiciser cette page, j’ai ajouté un lien sur mon blogue :


J’ai ajouté des signets publics avec Diigo sur ma page (y compris des signets en anglais) :
  • cyclotourisme 
  • bicycle 
  • touring 
  • cycling.
J’ai sommes toutes eu très peu de trafic sur ma page Google Sites. Les quelques petits pics de visites sont liés à la publication du lien sur mon blogue et des signets sur Diigo.



Troisièmement, j’ai créé une page FaceBook et je suis devenue fan de cette page :


À partir de cette page, je suis devenue « fan » de nombreuses autres pages relatives à des sujets connexes et je suis allée mettre des commentaires sur d’autres sites. Encore une fois j’ai décidé de ne pas impliquer directement mon réseau et donc je n’ai pas envoyé de l’information sur cette page à tous mes contacts. Encore une fois les résultats ont été très mitigés en termes de trafic. 2 personnes qui me sont inconnues ont apprécié (« like ») ma page.

Premier constat, il est beaucoup plus facile d’entretenir une page sur Facebook ou un blogue qu’une page sur GoogleSites. En effet, la dimension évolutive et temporelle est très bien gérée sur ces sites alors que GoogleSites permet de faire des pages en mode traditionnel c'est-à-dire relativement statiques. Ainsi, dès sa sortie sur GoogleSites il fallait que ma page soit intéressante (rassemble une masse critique de contenu pertinent) ce qui n’était pas le cas. En effet, le contenu, essentiellement des liens vers des ressources utiles, s’est bâtit au fil de ma navigation. J’ai donc mis à jour la page graduellement mais globalement elle était beaucoup moins intéressante que ma page Facebook qui me servait en quelque sorte de cahier de note pour mes recherches.

Deuxième constat, ma page FaceBook n’était d’aucune utilité pour générer du trafic sur ma page GoogleSite. En effet, même si dans la page Facebook j’ai indiqué le lien vers google site comme étant le « propriétaire » de cette page, ce lien n’est visible que sur le profil de la page (qui est difficile à trouver). Ainsi, Facebook est organisé de telle façon à ce que le trafic reste le plus possible à l’interne.

Troisième constat et sans doute le plus important, il faut utiliser les réseaux personnels comme levier pour publiciser une initiative si non c’est presque voué à l’échec. Plusieurs commentateurs du Web Social ont été un peu déçus des sites de réseaux sociaux au départ. L’idée était d’avoir le plus d’amis possible et puis … et puis quoi? Et bien maintenant, on fait de la publicité !

Les « amis » (au même titre que les liens) sont une forme de pouvoir sur le Web Social. Plus une personne a des « amis », plus grand est son levier pour publiciser quoi que ce soit : initiative citoyenne ou produit à vendre. C’est parce que Facebook compte plus de 500 millions d’utilisateurs actifs que cette compagnie vaut environ 50 milliards de dollars. Son actif principal n’est pas la technologie mais ses utilisateurs, qui sont, soit dit en passant, relativement captifs (voir les constats plus haut).

Ainsi, cette activité m’a permis de voir à quel point le WebSocial contribue à modifier le paysage des rapports de force dans la société. De nouveaux acteurs sociaux peuvent maintenant gagner beaucoup de pouvoir, d’audience, en lançant des initiatives avec relativement peu de moyens et devenir des incontournables, l’important est d’avoir beaucoup d’amis et que ces amis en aient aussi beaucoup ! :-)

vendredi 29 avril 2011

Quel libre accès à la connaissance dans le Web Social?

Il est intéressant de voir que même les personnes et les institutions qui sont à la source de plusieurs grandes innovations reliées au Web et au Web social, sont à la remorque de bien d'autres pans de la société quand au partage des connaissances et à l'ouverture de leurs frontières.

G. Siemens relève le fait en référant à une présentation par le célèbre "auteur" de la licence Creative Commons (Lawrence Lessing) qui dénonce l'attitude de tout le milieu universitaire qui garde jalousement (et à fort prix) la majorité de leur publications. The Architecture of Access to Scientific Knowledge

Travaillant moi-même dans une université Québécoise, je sais que la propriété intellectuelle et la libre diffusion des contenus constitue un défi quotidien qu'il faut gérer avec nos enseignants. Ceci  a un impact direct sur leur enseignement et sur leur volonté de s'investir dans certains projets fondés sur le partage des connaissances. Ceci dit, je ne remet pas en cause les attitudes individuelles des enseignants mais plutôt une culture globale ou un système. Des initiatives comme le cours inf 6107 de la TéléUniversité détonnent dans le paysage et sont les bienvenues !

vendredi 25 février 2011

Des contenus de plus en plus brefs

J'ai lu avec Intérêt un compte rendu de L'état de la blogosphère 2010 une étude importante publié par Technorati. À la lumière de cette lecture, il apparait que le blogue commence a perdre des joueurs qui se tournent vers d'autres outils, notamment, le micro-blogging. Raison invoquée, le temps ! Eh oui, c'est vrai, bloguer prend énormément de temps : de 1 à 3 heures pour 27% des internautes et plus de 3 heures pour 37% des internautes (L'état de la blogosphère 2009). Les blogues sont plus long a lire et plus long à écrire.

On dirait qu'il se produit le mène phénomène dans l'univers du web social que dans l'univers des média traditionnels. Les lecteurs et les journalistes se détournent du journalisme de fond et se tournent de plus en plus vers les brèves sur Internet et les journaux de la formule "Métro".

dimanche 20 février 2011

Avis aux internautes a vélo

Avis aux internautes à vélo !

J'ai créé une modeste page web où je présente une initiative de réflexion sur un thème qui me tient à coeur : rendre le Québec cyclabe !!! En effet, je suis une cycliste convaincue et je profite des mois d'été pour sillonner le Québec (ou autre) a vélo avec mon conjoint, notre tente et tout le matériel pour se concocter des repas gastronomiques en plein air. Un rêve fou que j'ai serait que les cyclistes soient chez eux sur toutes les routes du Québec. On ne sait jamais ...

http://sites.google.com/site/lesroutesvertes/home

mercredi 16 février 2011

Le monde et les temps changent ... l'éducation aussi !

Le Web social change le monde. La façon de : faire des affaires, de chercher des informations, de se trouver des amis et même d'apprendre ont changé. Dans un document fouillé, Christine Vaufrey, rédactrice en chef de Thot Cursus, fait le bilan de 12 ans d'articles sur l'utilisation des TIC en éducation à distance. Sa conclusion est que cette introduction contribue a modifier en profondeur la façon d'enseigner.

"Dans les institutions, l'hybridation des enseignements avance à grands pas; l'apprentissage par les pairs acquiert droit de cité. A l'extérieur des institutions, les pratiques nouvelles d'apprentissage se développent. Que l'on songe par exemple à la multiplication des projets massivement collaboratifs ou à la revalorisation de l'expérience personnelle comme source d'apprentissage." (LES MEILLEURES PRATIQUES DE L'ÉDUCATION 2.0 - 10 années d'utilisation des TIC en éducation- Synthèse de l'étude)

Ces changements de pratiques ne sont pas superficiellement lié à l'ajout d'une ou plusieurs technologies qui facilitent la transmission du savoir. En fait, ils sont le résultats de changements en profondeur qui s'opèrent au niveau de la société. La construction du savoir n'est plus l'apanage d'expert détenteurs d'une grande quantité d'information mais de groupes had hoc qui synthétisent des informations disponibles en quantité phénoménale.Wikipédia en étant le meilleur exemple. Dans ce monde où les informations, les faits, ne sont plus des rareté, il est normal  que l'expérience personnelle soit revalorisé, car c'est elle qui témoigne de la transformation d'un individu a travers un processus d'apprentissage. Les institutions d'enseignements ne sont pas complètement alignées sur ces nouveaux paradigmes mais travaillent en ce sens. Le débat actuel sur l'acquisition des compétences vs les connaissances en fait foi. Ce faisant le monde de l'éducation ne fait que comme tout le reste, s'adapter tranquillement à ces changements sociétaux importants.

jeudi 10 février 2011

La transparence et le Web social

L'équipe de Forrester, un groupe d'analyste très influent dans le monde de l'informatique, vient de publier un court billet très percutant : "What if everything you did was on WikiLeaks".


lundi 7 février 2011

Le blogue un maillon de la chaîne alimentaire du Web

Dans un article datant de 2000, Rebecca Blood se questionne sur la place du blogue dans l'écologie du Web. Déjà en 2000 elle constate une prolifération des blogues sur Internet ce qui l'amène à questionner leur importance et à se demander s'ils ne sont pas noyés dans le nombre.

Elle souligne deux arguments qui plaident en faveur de la cause des blogues.

D'abord la démarche de bloguer peut contribuer à transformer son auteur. C'est de cette réalité dont témoigne Mario Asselin, blogueur prolifique à propos de la technopédagogie. Tenir un blogue a joué un rôle important dans sa décision de changer de métier : de directeur d'école à coach pédagogique ! J'ai pu observer le même type d'effet dans le cadre de ma pratique professionnelle avec des étudiants du Bacc en administration des affaires. Ces derniers devaient tenir un journal personnel en ligne (utilisant un outil de blogue) durant toute une session. Les retombées de cette activité ont été remarquables. Le fait d'écrire sur une base régulière leurs pensées a eu des impacts visibles sur la qualité de leur réflexion. Je suis donc en accord avec cette argument pour en avoir vu moi-même les effets.

Ensuite elle argumente que les blogues servent de filtres à travers lesquels les novices du Web peuvent découvrir des petits bijoux en ligne. Encore une fois je suis d'accord avec son argument mais j'émets une petite réserve. Il peut être très utile de suivre un nombre limité de blogues sur un sujet circonscrit. Aux débuts du Web, les blogueurs avaient des champs d'intérêts très large et le nombre de sources étaient limité. Actuellement la tendance est à la boulimie d'information, information, qui peut être de très bonne qualité. Ainsi dans le contexte actuel un blogue traitant de un ou deux thèmes circonscrits est beaucoup plus utile qu'un blogue général qui a pour objectif de faire découvrir le Web.

jeudi 3 février 2011

Media litteracy (une suite)

Dans la foulée de ce que je cite plus haut : un exemple intéressant d'éducation aux média. Mario Asselin cite un cours de 8e année à Clair (au Nouveau-Brunswick) où les étudiants apprennent les rudiments de la télévision afin de développer leur sens critique vis à vis ce média :  Les élèves ont les mains dedans!

Éducation aux média un enjeux de plus en plus criant

Ma collègue de classe Émilie fait un commentaire tout à fait juste sur l'importance de conscientiser la population, en particulier les jeunes, à l'importance de la confidentialité et de la réserve à adopter lorsque l'on rend publiques des informations sur le Web :" Internet : un univers sans limite …et c’est ce qui est menaçant !". Fin 2010, une manchette rappelle cruellement le fait que rien n'est "privé" dans l'univers du Web Collaboratif.  "France: un juge valide un licenciement pour des propos tenus sur Facebook"

Dans l'univers de l'éducation supérieure anglophone, particulièrement aux États-Unis, il existe des cours et des ateliers de "Media litteracy" qui sont offerts aux jeunes étudiants (les "freshmen"). Je crois qu'il est grand temps que les institutions d'enseignement québécoises s'intéressent à ce sujet et agissent pour aider les étudiants à prendre conscience de leur responsabilité quant à la publication d'informations sur le Web.